La notion de territoire dans le discours théorique de la littérature « africaine » en français
Argitalpen urtea: 2011
Orrialdeak: 237
Mota: Liburuko kapitulua
Laburpena
Parler de « classiques universaux » – expression en fait tautologique puisque le classicisme semble être la première condition à l’universalité littéraire –, c’est se situer d’emblée au centre ou, si l’on veut, au sommet, d’un système mondial dont Pascale Casanova a montré le fonctionnement dans son livre La République mondiale des lettres. Ce qui sous-tend idéologiquement ce système c’est tout d’abord la croyance – irrationnelle comme toute croyance – en l’égalité entre les langues et en l’accès démocratique à la vie littéraire. Autrement dit, on est porté à croire que tous les écrivains, « à égalité de talent » et en dépit de la langue dans laquelle ils écrivent, de leur origine nationale ou de leur position sociale, ont les mêmes chances de devenir des « classiques universaux ». Or cette croyance agit comme un écran qui empêche de percevoir distinctement la structure du système, une structure fortement hiérarchisée au sein de laquelle se placent les littératures dominantes, celles qui imposent la définition de l’universel, et les littératures dominées, celles qui doivent accepter la définition des premières.La pratique d’envisager l’étude de la littérature à travers ses manifestations particulières, c’est-à-dire nationales, dont on essaie de faire accorder les limites avec celles des frontières territoriales, rend notre perspective de la littérature non seulement partielle mais aussi partiale, car elle repose sur l’idée fausse que la carte intellectuelle coïncide avec la carte territoriale, géographique ou politique …