Paul Nougela reecriture comme ethique de lecriture

  1. Michel, Geneviève
Zuzendaria:
  1. Ricard Ripoll Villanueva Zuzendaria

Defentsa unibertsitatea: Universitat Autònoma de Barcelona

Fecha de defensa: 2006(e)ko urria-(a)k 13

Epaimahaia:
  1. Ana González Salvador Presidentea
  2. Ramon Lladó Idazkaria
  3. Paul Aron Kidea
  4. Marc Quaghebeur Kidea
  5. Marta Segarra Montaner Kidea

Mota: Tesia

Teseo: 132922 DIALNET lock_openTDX editor

Laburpena

Si Paul Nougé (1895-1967), cabeza pensante del grupo surrealista de Bruselas, es poco conocido, al contrario que su amigo y cómplice René Magritte, es también porque él hizo todo lo posible para permanecer en la sombra. Habiendo publicado muy poco por propia iniciativa, además adoptó la actitud de escribir a través de las palabras de otros. La dimensión que toma la reescritura en sus intervenciones poéticas no es extraño que sorprenda. Es el caso cuando reescribe uno u otro texto de un autor determinado (las octavillas de Correspondance, Le Dessous des cartes, Le Jeu des mots et du hasard, J. Vaché, Quelques écrits de Clarisse Juranville, La Parole est à Baudelaire, Un miroir exemplaire de Maupassant, por no citar sino los que hemos estudiado). El análisis genético de las tentativas nougeanas apenas había sido desarrollado hasta ahora (con excepción de las octavillas de Correspondance y de Un portrait daprès nature), ni siquiera en el caso de los hipotextos conocidos. La comparación del texto de Nougé y de su hipotexto es reveladora, tanto de los procedimientos utilizados como de la orientación ética y antiliteraria que le confiere la reescritura, que se puede calificar con razón de détournement (desviación). Por otra parte, en Nougé se encuentra una serie de textos breves, de falsos anuncios, aforismos y locuciones incluidas en poemas en los que resuena un eco polifónico. Una evocación a veces vaga, a veces precisa, se insinúa en la memoria del lector, le hace detenerse para identificar esa reminiscencia. Nougé retoma las palabras de otros, las palabras de todo el mundo o lugares-comunes, para asignarles otro destino y alcanzar al lector en lo más profundo de su lengua y de su cultura, en el núcleo de su identidad. Sometemos al análisis un corpus de textos para dar cuenta de los procedimientos utilizados. Decir procedimientos es decir medios y, en este caso, medios de acción utilizados en función de un fin superior. Es conocido el compromiso comunista de Nougé; no obstante, puesto que sus textos no son en absoluto militantes ni propagandistas y aún menos realistas socialistas, nunca se había cuestionado la relación entre sus prácticas de escritura (y más concretamente de reescritura) y sus convicciones políticas. Esta es, sin embargo, la hipótesis que nos hemos planteado: la reescritura en Nougé tendría una justificación y unos fines revolucionarios. Del marxismo, Nougé obtiene un método, el método dialéctico, y lo combina con el método experimental que practicó a lo largo de su vida de científico para aplicarlo con rigor a sus experiencias de escritura. Todo su trabajo de escritor se orienta a provocar un efecto bouleversant (desestabilizador) en el lector de manera que lo impulse a inventar su vida transformando el mundo. La táctica de Nougé es sutil e insidiosa, pues al obrar sobre el inconsciente del lector por la vía de la desviación de diferentes lugares comunes, remite paradójicamente a una voluntad deliberada, reclama cada vez más conciencia. En esta perspectiva, la reescritura se le presenta como el medio de acción más eficaz, y es la razón ética por la cual se aferra a ella callando su propia voz y evitando abandonarse a sus inclinaciones literarias, a pesar de todo muy reales. Estudiamos en esta tesis cómo se cruzan, se completan y se resuelven los tres grandes ejes que marcaron la trayectoria de Paul Nougé: el compromiso político, la ciencia y la poesía, los tres dominados por una poderosa ética revolucionaria que le hizo tomar el partido de la reescritura y de la escritura fragmentaria, de la discreción e incluso del anonimato. ____________________________________________________________ Si Paul Nougé (1895-1967), chef de file du groupe surréaliste de Bruxelles, est peu connu, contrairement à son ami et complice René Magritte, cest aussi quil a tout fait pour rester dans lombre. Ayant très peu publié de sa propre initiative, il a pris en outre le parti décrire à travers les mots des autres. Lampleur que prend la réécriture dans ses interventions poétiques a de quoi surprendre. Cest le cas des écrits où il détourne lun ou lautre texte dun auteur déterminé (les tracts de Correspondance, Le Dessous des cartes, Le Jeu des mots et du hasard, J. Vaché, Quelques écrits de Clarisse Juranville, La Parole est à Baudelaire, Un miroir exemplaire de Maupassant, pour ne citer que ceux que nous avons étudiés). Lanalyse génétique des " entreprises " nougéennes navait guère été développée jusquici (à lexception des tracts de Correspondance et dUn portrait daprès nature), même dans le cas où les hypotextes étaient bien connus. La mise en regard du texte de Nougé et de son hypotexte est révélatrice, tant des procédés mis en uvre que de lorientation éthique et antilittéraire conférée par la réécriture, que lon peut à juste titre qualifier de détournement. Par ailleurs, on trouve chez Nougé une série de textes brefs, fausses réclames, aphorismes, et autres locutions incluses dans des poèmes où résonne un écho polyphonique. Une ressemblance, parfois vague, parfois précise, titille la mémoire du lecteur, le pousse à sarrêter, à identifier cette réminiscence. Nougé reprend en effet les mots des autres, les mots de tout le monde ou " lieux-communs ", pour leur assigner une autre destination et toucher le lecteur au plus profond de sa langue et de sa culture, au cur de son identité. Nous soumettons un corpus constitué dune sélection de ces textes à une analyse visant à répertorier les procédés utilisés. Qui dit procédés dit moyens, et, dans ce cas, moyens daction mis en uvre en fonction dune " fin supérieure ". Lengagement communiste de Nougé est connu, mais ses textes nétant nullement militants ni propagandistes et encore moins réalistes socialistes, la question ne sest jamais posée du lien entre ses pratiques décriture (et plus particulièrement de réécriture) et ses convictions politiques. Cest néanmoins lhypothèse que nous avons posée : la réécriture chez Nougé aurait une justification et une fin révolutionnaires. Du marxisme, Nougé tire une méthode, la méthode dialectique, et la combine à la méthode expérimentale quil a pratiquée tout au long de sa vie de scientifique pour lappliquer rigoureusement à ses expériences décriture. Tout son travail décrivain vise à provoquer un effet bouleversant chez le lecteur de manière à pousser celui-ci à inventer sa vie tout en transformant le monde. La tactique de Nougé est subtile et insidieuse, car, agissant sur linconscient du lecteur par le biais du détournement de divers lieux communs, elle se réclame paradoxalement de la volonté délibérée, elle fait appel à toujours plus de conscience. Dans cette optique, la réécriture lui apparaît comme le moyen daction le plus efficace, et cest la raison éthique pour laquelle il sy est indéfectiblement tenu, faisant souvent taire sa propre voix et évitant de sabandonner à ses penchants littéraires, pourtant bien réels. Nous examinons dans cette thèse comment se croisent, se complètent et se résolvent les trois grands axes qui ont marqué le cheminement de Paul Nougé : lengagement politique, la science et la poésie, tous trois dominés par une puissante éthique révolutionnaire qui lui a fait adopter le parti de la réécriture et de lécriture fragmentaire, de la discrétion et même de lanonymat. ______________________________________________________________ If Paul Nougé (1895-1967), leader of the Brussels surrealist group, is little known, unlike his friend and associate René Magritte, it is also because he has done everything possible to keep out of the limelight. He published very little on his own initiative and chose to write through other peoples words. The scope of the rewriting in his poetic interventions is surprising. Such is the case of the pieces where he reroutes some text or other by a particular author (the pamphlets Correspondance, Le Dessous des cartes, Le Jeu des mots et du hasard, J. Vaché, Quelques écrits de Clarisse Juranville, La Parole est à Baudelaire or Un miroir exemplaire de Maupassant, to mention only the ones we have studied). There had scarcely been any genetic analysis of Nougés ventures until now (except for the pamphlets Correspondance and Un portrait daprès nature), even in the cases where the hypotexts were well known. Examining Nougés texts and the hypotext is revealing, of both the procedures used and the ethical, anti-literary orientation provided by the rewriting, which we might reasonably call détournement (rerouting). Moreover, in Nougé we find a series of short texts, fake advertisements, aphorisms, and other locutions included in the poems where a polyphonic echo resounds. A sometimes vague, sometimes precise, resemblance titillates the readers memory, impels him to stop, to identify that reminiscence. Nougé takes up other peoples words, everyones words or commonplaces, assigns them another destination and touches the reader in the deepest places of his language and culture, at the heart of his identity. We submit a corpus made up of a selection of these texts to an analysis whose purpose is to make an inventory of the procedures used. Procedures is another way of saying means and, in this case, means of action activated according to a higher end. Nougés commitment to communism is well known, but since his texts are not at all militant or propagandistic and still less socialist realist, no-one ever wonders about the link between his writing practices (and particularly his rewriting practices) and his political convictions. This, nevertheless, is the hypothesis we have put forward: Nougés rewriting has a revolutionary justification and purpose. From marxism, Nougé takes a method, the dialectical method, and combines it with the experimental method he has used all his life as a scientist to apply it rigorously to his writing experiments. The aim of all his work as a writer is to have an overwhelming effect on the reader so as to compel him to invent his life while transforming the world. His tactic is subtle and insidious since, acting on the readers unconscious through the rerouting of different commonplaces, it paradoxically demands a deliberate will, calls for even more awareness. From this point of view, he sees rewriting as the most effective form of action, and that is the ethical reason for which he has unfailingly turned to it, often silencing his own voice and refusing to succumb to his literary preferences, which are nonetheless very real. In this thesis we examine the way in which the three great lines that have marked Nougés path intertwine, complement and resolve one another: political commitment, science and poetry, all three dominated by a powerful revolutionary ethic which has led him to opt for rewriting and fragmentary writing, discretion and even anonymity.